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Il est le plus romantique des pirates de l’espace, sa détermination est digne des plus grands samouraïs. Voici comment est né Albator, le manga qui a fasciné toute une génération.
Le célèbre mangaka Leiji Matsumoto est mort le 13 février 2023, en laissant derrière lui une œuvre qui a marqué, par sa sensibilité, toute une génération. Notamment les fans d'Albator, un dessin animé phare des années 1980. Voici comment est né son personnage principal, le capitaine Harlock.
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Spécial manga: entretien avec les stars mondiales Leiji Matsumoto et Naoki UrazawaMauvais genres
1h 59min
Albator, le personnage d'un ado marqué par la guerre
C’est dès son adolescence, dans les années 1950, que Leiji Matsumoto imagine le Capitaine Harlock aka Albator. Dans une émission de 2012, le mangaka se souvient: "J’étais en troisième année de collège, j’avais 14 ans et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à dessiner un personnage qui lui ressemblait beaucoup. C’était juste pour m’amuser, pour un fanzine comme on dit maintenant, c’était plutôt pour amuser mes camarades de classe, ça n’allait pas chercher très loin. Dès le début, il avait sa balafre, il lui manquait un œil. Harlock c’est un personnage qui est né à l’intérieur de moi, de manière assez spontanée."
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Son inspiration lui vient de son propre vécu, notamment son enfance, marquée par la Seconde Guerre mondiale. De son père pilote, il apprend que l’ennemi n’est pas forcément mauvais,qu’il a, lui aussi, une famille.Il développe très tôt les valeurs d’empathie, de fraternité et de pacifismeque l’on retrouve dans son œuvre:"Ce sont des notions d'espoir, de rêve, de partage, du sens, de fraternité parmi les êtres humains. Je crois en cette idée qu'il n'y a pas de frontières, qu'il faut s'unir avec ses amis pour défendre des valeurs qui nous sont chères" défendait le dessinateur en 2011 lors d'une visite en France.
Pour s'échapper d’un quotidien difficile, sa grande sœur lui lit des histoires de science-fiction; l’espace le fascine.Il découvre le dessin animé grâce aux cartoons que ramenait son père d'Amérique,et décortique à cinq ans le processus de création de l’animation, image par image.
Une passion pour l'espace
Pourtant, le pirate à la longue cape rouge et noire reste des années caché dans les cahiers de son créateur.Leiji Matsumoto publie son premier manga à 15 ans en remportant un concours,puis pour gagner de l’argent pendant sa jeunesse,il invente des histoires "à l’eau de rose"et des "mangas pour adultes".
Toujours admiratif du cosmos,son livre de chevet est Voyage dans le macrocosme de Toshima Akari.C’est de là qu’il tient sa passion pour les étoiles et sa rigueur scientifique dans ses œuvres: "J’aime le fait que l’histoire soit plausible, que les vaisseaux puissent fonctionner, qu'ils puissent éventuellement exister. Donc, je réfléchis toujours beaucoup avant de commencer à dessiner",détaille le mangaka.
Petit à petit, Leiji Matsumoto se fait un nom et gagne assez d’argent pour lancer les projets qui lui tiennent à cœur.
En 1974, Yamato, le cuirassé de l'espacevoit le jouret trois ans plus tard, le Capitaine Albator reprend vie pour sauver la Terre.
La determination sans faille d'Albator vient des samouraïs
Il en fait un pirate romantique, dont la personnalité et les valeurs sont directement inspirées du Bushido:le code d’honneur des samouraïs. Leiji Matsumoto, lui-même descendant de samouraïs, a défendu les valeurs de détermination de ces combattants: "Chez les samouraïs, on dit qu’on ne sort pas son sabre sans être déterminé à lutter jusqu’à la mort. Ce n’est pas un geste gratuit. Et donc, Harlock, c’est un peu la même chose, c’est-à-dire qu’à partir du moment où il fait quelque chose, il va jusqu’au bout. C’est dans ce sens qu’il y a du bushido: c’est la détermination dans le geste, dans l’acte. On ne fait pas les choses sans réfléchir, sur une impulsion, on ne les fait que si on est prêt à aller jusqu’au bout des choses" expliquait-il dans Mauvais Genre.
Les aventures de ce valeureux pirate au"cœur bon et grand", comme le dit le générique,font le tour du monde dans les années 1980.
Leiji Matsumoto veille au moindre détail: de la réalité mécanique des vaisseaux qu’il imagine au dessin des étoiles:
"Pour dessiner les étoiles, révèle le mangaka, je me sers d’un collier de plomberie, je trempe mon pinceau dans cette peinture blanche et je le frotte contre le fermoir pour projeter de fines bulles sur la page. Tout ça est dessiné à la main, même les plantes. Les êtres vivants, c’est moi qui m’en charge."
Le succès de la série animée, adaptée plus tard en film,a permis au père d’Albator de propager ses valeurs: "Il ne faut pas avoir peur de pleurer, car ce n'est pas quelque chose de honteux, par contre, il est selon moi honteux d’abandonner ses rêves."
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